2025, à toi de jouer !

Le traditionnel bilan de fin d’année, celui que vous adorez lire, que j’aime tant écrire. Qui parfois me retourne un peu les méninges et les émotions, mais qui, prend toute sa place ici depuis tant d’années.

Alors ensemble, nous allons retracer 2024, cette année du 8 comme je l’ai appelée l’an dernier.
Une année qui a été le théâtre de beaucoup de choses, comme un chassé croisé entre voisins, dans un immeuble où cohabite toutes les scènes de vie. Chaque étage, chaque appartement, une histoire.

Appuyez sur les boutons de l’ascenseur, prenez les escaliers, je vous emmène visiter 2024.
L’immeuble n’est pas très grand, mais vous verrez, vous allez vous y sentir comme chez vous..

Au rez-de-chaussée, un grand hall, les allées et venues se font ici. Tout le monde s’y croise et cohabite.
L’ambiance générale de l’immeuble ? Plutôt calme, souvent triste ces derniers temps. Personne ne crie, on chuchote et on se sourit. Tout le monde se connaît et s’apprécie.

On monte jusqu’au premier étage, le plus accessible, celui par lequel tout le monde passe. Il est tellement accueillant ! Les murs sont recouverts d’affiches, de dates de tournées, de cartes postales du monde entier. Tout est coloré et on s’y sent bien. Au sol, il faut regarder où mettre les pieds : Quelques perles abandonnées, des paillettes décrochées d’anciens costumes, des confettis de papier de soie. Au loin, on semble reconnaître quelques airs de musique, des paroles que l’on fredonne facilement, le sourire aux lèvres et les yeux chargés d’émotions. L’air ambiant est doux, toutes les portes sont colorées : du jaune, du gris, du rouge, du bleu nuit… 11 appartements s’enroulent autour de l’escalier. Tout le monde sait qui se cache derrière chacune de celles-ci. C’est un étage très apprécié par les autres, souvent on y danse, parfois quelques larmes, mais toujours beaucoup d’émotions, de partage, de bienveillance.

Il suffit d’ailleurs de monter juste quelques marches, le deuxième étage vient tout juste d’y emménager !
Assez récent, ces nouveaux appartements étaient vides jusqu’alors. Mais 2024 y loge depuis peu, quelques locatrices. Un étage qui s’entend très bien avec le premier, c’est d’ailleurs grâce à ce dernier que le deuxième y a trouvé ses quartiers. On entend souvent des allers-retours entre ces deux-là, et tout le monde se demande si les deux étages ne font pas qu’un.
Beaucoup de rires au deuxième, de confidences, de projets. Des post-it recouvrent chaque porte, on y devine des mots doux. Tout le monde peut les lire, mais ces moments n’appartiennent qu’à elles.
Ces appartements ne se sont pas tous remplis en même temps, certaines locatrices n’ont pas encore rencontrées les autres, mais je crois savoir qu’elles sont déjà amies avant même de se rencontrer. Comment je le sais ? Parce qu’elles sont toutes passées par le premier étage, elles ont les bras chargés de perles et des paillettes au coin des yeux.

Sur le palier du troisième étage, les lumières sont douces, l’ambiance est calme. L’odeur du café nous invite à y rester quelques temps. Sur une petite table, dans un coin, une inscription nous indique que le café sera prêt dans quelques instants. On se retourne alors pour y admirer l’étage.
Quelques bougies au coin des portes, les appartements sont beaucoup moins nombreux ici. Sur les murs, du papier fleuri, d’époque, l’étage semble récemment habité. En s’y approchant on y devine des inscriptions, des formules magiques d’une langue que les autres habitants ne maitrisent pas. Quelques cartes d’oracles, un carnet avec des inscriptions… Des mantra, des citations, des idées reçues raturées. De l’autre côté, une pile de livres, des crayons, une boîte avec des papiers de toutes les formes, de toutes les couleurs. Le troisième étage semble animé par des moments de partages, de confidences. Ils semblent rares, de part le calme qui enveloppe ces appartements, mais a-t-on besoin de se voir régulièrement pour savoir que ça compte ? Elles, non. Ce sont des femmes puissantes, magiques. Elles sont liées par une énergie, ce n’était pas prévue, elles doivent trouver leurs marques.

Une clochette nous raccroche au monde réel, le café est prêt.
Prenons notre tasse, et grimpons d’un étage !

Lorsqu’on arrive au quatrième étage, on est surpris par la différence d’aménagement avec les précédents. Une grande pièce unique, deux chats, un chien, des photos aux quatre coins de l’espace. L’étage est grand, lumineux et on entend encore les éclats de rire au loin, qui ricochent sur le mobilier. Une valise ouverte près des fenêtres, est-ce un départ ou un retour ? On dirait que les locataires de cet étage sont souvent en vadrouille. Lorsqu’ils sont chez eux, on les entend danser, chantonner. Les moments qu’ils partagent ici sont sains, teintés de lumière. Et même si parfois le ciel se déchire un peu, l’orage n’est que de passage, rapidement apaisé par des mots. Déconstruire pour consolider.
Souvent à deux (à cinq), mais très entourés, ils ne se lassent pas de partager, ce qui explique les nombreuses photos épinglées sur les murs. Sur la grande table centrale, des tasses à cafés abandonnées, quelques tickets de cinéma et des cartes à jouer. On y trouve aussi quelques papiers. L’inscription « demande de mutation » suivie d’un tampon qui encercle l’entête, « Académie de Lyon« .

L’ascenseur nous indique que nous sommes désormais au cinquième étage. Plus petit, il n’y a que quelques portes devant nous, des chiffres accrochés, qui se déroulent, dans un sens puis dans l’autre. Un étage où les locataires changent assez vite, les allées et venues s’organisent à l’année. Tout le monde est très heureux d’y emménager, mais très peu restent sur le long terme. On le sait désormais, et c’est ainsi. Chaque appartement est un lieu de représentation, on y présente des produits, des livres, des objets… Parfois, il y a même des cadeaux pour tout le monde !
Cette année, quelques appartements sont restés inoccupés pendant plusieurs temps. Et le silence n’est jamais positif, il créé de l’anxiété et on entend s’agiter la personne à l’étage, juste au dessus. Mais nous montrons au sixième juste après.
Les chiffres sur les portes changent constamment, l’anxiété les déforme, les tord. La lumière à cet étage ne fonctionne pas tous les jours. Certains jours on accuse les chiffres, d’autres l’anxiété. Peu importe, ils sont souvent liés.
Seul un appartement y est occupé depuis des années, on y entend très souvent le cliquetis d’un clavier d’ordinateur, des ratures, des papiers qui se froissent. La porte s’ouvre peu, mais tout le monde la connait bien puisqu’on y voit les autres locataires y déposer des papiers administratifs très régulièrement.

Pour monter au sixième étage, l’escalier est soudain plus étroit. Personne n’a jamais le courage d’y venir. C’est trop haut, trop exigu, l’ascenseur lui même n’y grimpe pas. Quelques bougies au sol éclairent nos pas, et les livres entassés n’aident pas à se frayer un chemin. Une seule porte sur le pallier. Lourde, ancienne. À la lueur des bougies, on distingue une poignée en laiton, et un bleu profond vieilli par le temps, usé sur l’ouverture. Une petite serrure nous indique qu’il faut une clé pour l’ouvrir. J’imagine que la personne qui s’y trouve ne distribue pas souvent les doubles, seulement aux personnes de confiance. Il faut bien que quelqu’un possède cette petite clé, s’il se passe quelque chose. Tout autour, entres les livres, des carnets où se pressent des centaines de lignes, des photos déchirées, une boîte à mouchoirs bien entamée. Une tasse fumante est posée sur le rebord de l’escalier, un livre ouvert sur le coté. L’air sent la cannelle, le bois, l’encre et le papier vieilli. La personne qui habite ici passe beaucoup (trop) de temps entre ses pages, ses ruminations et ses pensées.

Un filet de lumière nous donne envie de monter les quelques marches en bois qui nous sépare du toit, de l’extérieur.
C’est le septième et dernier étage de l’immeuble 2024. La poussière qui tournoie dans les rayons de lumière est hypnotisante. Cet étage est inconnu des habitants. Alors pourquoi y a t-on accès aujourd’hui ? Sûrement pour y faire du tri, avant le début de la nouvelle année.

Des cartons sont entassés, beaucoup de papiers, des photos, des boites appartenant à d’anciens locataires ayant décidé de quitter l’immeuble. Des ébauches de projets classés par degré de déception, des ruptures amicales en vrac, non résolues. Des carnets de souvenirs à l’encre invisible, des pages entières de conversation qu’on oubliera jamais. Tout est là. Tout ce qui anime, ce qui blesse, ce qui renforce, brise, renverse, scintille. Personne ne vient jamais ici, sauf peut-être la personne du sixième.

Et pourtant, il faudra trier, sans quoi l’immeuble ne respire pas. Le septième étage pèse trop de poids, et nous avons besoin de place pour tout ce qui est arrivé et ce qui arrivera.

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Dans l’immeuble 2024, il y a beaucoup de joie, une cohabitation saine, de la bienveillance pour toute la rue. Parfois, lorsque plus personne n’est là, reste la personne du sixième. On distingue juste le bruit du crayon qui gratte sur les pages de papier, des lignes et des lignes griffonnées. Le bruit de la cuillère contre les parois d’une tasse, et les pensées trop envahissantes qui font grésiller toute l’électricité.
Pourtant, elle essaye, mais ça reste difficile.

L’immeuble 2024 a connu beaucoup d’emménagement cette année, vu de nouvelles tapisseries être installées et de nouveaux rituels être instaurés. On dirait bien que le quatrième étage prépare un changement, les autres locataires pourront-ils rendre visite au nouvel immeuble en construction ?
Dans ce nouvel immeuble, l’électricité du cinquième étage pourra-t-elle un jour être réparée et les appartements toujours occupés ? L’odeur de café inondera t-elle toujours les couloirs de l’immeuble ou faudra t-il venir la chercher ici ?
En écrivant ces questions, le ciel s’est couvert, quelques flocons de neige viennent tapoter les fenêtres de l’immeuble. La personne du sixième est descendue en courant pour capturer l’instant et dès lors, ce sont tous les étages qui se retrouvent au rez-de-chaussée.

Alors, comment sera la suite ? 2025, à toi de jouer !

Je vous une très belle année 2025. Je vous souhaite beaucoup de douceur pour celle-ci, prenez-soin de vous, de vos proches et faites des choses qui vous apportent de la joie !